mercredi 20 août 2008

Mada J+5

Bilan :

On n'a pas du tout fait ce qu'on avait prévu à J-7 !!!

On est rentré épuisés...

Madagascar fut néanmoins l'un de nos plus beaux voyages... Peut-être même le plus beau à ce jour.

On n'a même presque pas été malade !!

Les aquarelles et les dessins de Claire sont disponibles (en intégralité !!!) en cliquant sur ce lien.

Merci à tous ceux qui ont laissé des commentaires sur les messages du blog pendant le voyage. Ça nous a fait beaucoup de bien et ça nous a vraiment donné l'impression de partager quelque chose avec vous.

Prochaine destination : l'Inde et l'Asie du sud-est.

Rendez-vous en février 2009.

mardi 19 août 2008

L'aéroport


Le 15.08.08

Quand on est à l'aéroport, on ne peut manquer de remarquer l'immense immeuble qui s'érige non loin de là, sur la route de Tana, colossal au milieu d'un paysage urbain où les maisons ne dépassent pas trois étages.
C'est un hôtel cinq étoiles, destiné à accueillir d'ici peu la conférence des présidents africains. Plus d'une vingtaine de chefs d'Etat sont attendus (25 ou 26 selon Jimmy). Ce sont les chinois qui le construisent (capitaux chinois, entreprise chinoise, ingénieurs chinois, banderoles en chinois). Après la conférence, il devrait servir aux hommes d'affaires chinois qui vont envahir le pays dans les prochaines années. Les ouvriers sont malgaches (beaucoup de merina). Ravalomanana presse pour que ce soit terminé dans les temps. Dix ouvriers sont morts déjà dans l'édification. "Des malgaches", précise Jimmy.

...

"Lutte contre la corruption" exhibent de nombreux panneaux dans l'aéroport. Cela explique l'application que tous les employés mettent à respecter les mesures de sécurité...

Face au guichet d'enregistrement : l'hôtesse nous renvoie vers le bureau des eaux et forêts pour obtenir une autorisation d'exporter notre chaise en bois malgache.

Guichet des eaux et forêts : l'homme nous demande ce que contient le paquet - "une chaise"... 
Avons-nous une facture ? - "non"...
Papier, tampon, signature, vague coup d'oeil à l'emballage, nous sommes autorisés à enregistrer ce paquet non identifié.

Queue pour le contrôle d'identité : les chinois doublent tout le monde, aucun balisage de queue n'est prévu, certains sont même sur le point de se battre, les queues se rejoignent, se mélangent, l'homme dans toute son animalité face à la désorganisation la plus complète !

Passage au portique de sécurité (nous avons redoublé les chinois dans la confusion de cette deuxième queue !) : six personnes passent à la suite (l'air de rien) sous l'arche bipante, déclenchant toutes une longue barre rouge ultra-bipante !
Personne n'intervient.   
...
Nous récupérons nos sacs dans lesquels nous avions oublié une bouteille d'eau d'1,5 l et trois briquets...
Deux policiers réalisent alors que personne ne tient ce poste.


...

Une heure de vol plus tard : "Bienvenue à l'aRéoport Roland Garros de Saint Denis"

On est à la maison !

...

J'ouvre le journal :

"Notre région en bref.

Madagascar : La prison de Tana craint... les intrus.

La prison d'Antanimora, l'un des plus gros établissements pénitenciers de Madagascar, est une passoire. Pas forcément dans le sens où on l'entendrait de prime abord... C'est en tout cas ce que les lecteurs de Midi Madagasikara ont déduit du constat dressé hier dans les colonnes de ce quotidien malgache par les autorités de la taule... "Notre sécurité est menacée. Des gens rôdent autour de la prison. Samedi, ces rôdeurs ont volé des légumes et des volailles dans l'enceinte de la prison", confient celles-ci. Et de soutenir que désormais, elles feront très attention à ce que les voleurs ne viennent plus de leur propre gré voler le pain des prisonniers...
Au-delà de l'anecdote amusante : une triste réalité. L'établissement, qui abrite 2658 détenus dispose d'un effectif quotidien de seulement 25 agents pénitentiaires..."

(Le Quotidien de la Réunion - vendredi 15.08.08)

Chez Jimmy


Le 14.08.08

Jimmy est venu nous chercher à la gare de taxi-brousse de Tana.

Quand on l'a quitté à Morondava, il nous avait invités à venir passer notre dernière nuit sur le sol malgache dans sa maison près de l'aéroport d'Ivato, à 14 km de Tana, d'où nous devions prendre notre avion le 15 à 7h00 du matin.
Nous l'avons pris au mot, et Claire l'a eu au téléphone hier soir pour savoir si ça tenait toujours. Et donc, nous sommes chez lui, dans une petite maison, derrière des panneaux publicitaires, à 300 mètres de l'aéroport.

C'est une parcelle de terre battue, en bordure d'une grande cressonnière, à l'entrée de la ville.

Sur cette parcelle, quatre maisons sont construites autour d'un puits, d'une cahute genre "cabane au fond du jardin" avec un écoulement d'eau pour se laver, et de deux sanitaires malgaches (traditionnels !).

La maison de Jimmy, c'est une unique pièce où tout est entreposé : un lit deux places pour sa femme et lui, un salon avec trois canapés ornés de motifs floraux, une table basse, deux commodes, des piles de couvertures, de tissus, de cartons, et, séparés par un rideau, une table de salle à manger, trois chaises en bois, un lit pour son fils, et un meuble à tiroirs sur lequel est posée une télévision. Le tout fait à peu près 20m². 
Au mur, trois chapeaux carrés antemoro (l'ethnie de la mère de Jimmy), un chapeau en paille de la côte ouest (son père est vezo), quelques photos de famille, un calendrier suisse envoyé par un ancien client et des dépliants de tourisme.


Jouxtant la pièce principale, une toute petite pièce (pas plus de 3m²) sert à ranger tout ce qui a un lien avec la cuisine, et, à l'extérieur, le long du mur de la cuisine, un petit espace pour cuire les aliments au feu de bois (pas de gaz, pas d'eau courante). 
La parcelle est reliée au réseau électrique de la ville.
On entend le souffle des avions qui décollent et le grondement de ceux qui atterrissent.

Le loyer est de 50 000 ariary par mois (environ 20 euros), ce qui est très cher (banlieue de Tana oblige !...) quand on sait que le salaire moyen à Mada est d'environ 60 000 ariary par mois.

...

Le 15.08.08

Hier, nous avons passé la nuit chez Jimmy. Lui et sa famille (ses deux belles-soeurs et sa maman) nous ont ouvert grand les portes de cette humble demeure banlieusarde de Tana : "C'est petit" répète Jimmy plusieurs fois en souriant, un peu gêné et fier à la fois.

Nous avons partagé un dîner de rois, préparé par les trois femmes sur le muret extérieur devant l'entrée. 
Nous nous sommes rincés à l'eau que Jimmy avait fait chauffer depuis le matin pour nous avec des plantes aux vertus relaxantes. 
Nous avons partagé d'autres instants de vie en regardant les albums photos et les clips musicaux. 
Nous avons dormi à poings fermés dans le lit matrimonial, un rideau nous séparant du lit simple que Jimmy a partagé avec sa belle-soeur.

...

Jimmy a vraiment été très gentil avec nous. 
Il nous a même accompagnés le lendemain matin à l'aéroport...

Ambositra


Le 12.08.08

Taxi-brousse minibus japonais sur une bonne route goudronnée faite il y a 3 mois (première rénovation depuis 1982, par une entreprise grecque spécialisée dans le bâtiment ! mais dont les patrons sont les amis du président...).

- routes goudronnée = vitrines du tourisme malgache -

Mais... le malgache est souvent malade en voiture. A plus forte raison en taxi-brousse, surtout lorsque celui-ci roule à tombeau ouvert sur une route de montagne, sous la pluie sans essuie-glace et de nuit... Certains vomissent donc sans façon par la fenêtre (derrière nous, un homme, 4 fois pendant le voyage a repeint la carrosserie...), d'autres utilisent de petits sacs plastiques qu'ils jettent ensuite par la fenêtre, ce qui attire la convoitise des chiens errants et de quelques lémuriens gourmets (autre petite pensée pour Pierre Marieu !...)

...

Arrivée à Ambositra à 1h00 du mat'. (RN7).

...

Collines rouges, petits villages de maisons ocres, églises en brique, pêchers en fleurs.


Ambositra est une petite ville de briques rouges au coeur de l'artisanat des Hautes Terres. Entre les échoppes, vazaha cinquantenaires sortant de 4x4 flambants neufs (nous sommes jaloux !). Guides improvisés plein les rues. Le DisneyLand malgache.

Il nous reste peu de temps. Aurions aimé aller marcher en forêt, à l'est, au coeur du pays Zafimaniry, où chaque village est spécialisé dans une forme d'artisanat (principalement le bois), mais il aurait fallu 3 jours pour sortir du circuit usé (Odile et Alain nous ont mis en garde) que feront demain tous les touristes qui nous entourent, et nous ne les avons pas, ni ne souhaitons nous promener avec 50 vazaha dans un village de 150 âmes.
Nous irons donc à Soatanana, à l'ouest.
C'est un petit village spécialisé dans le tissage de la soie sauvage. Le circuit a l'air moins rôdé et les 4 à 5 heures de marche que nous ferons dans la région nous feront le plus grand bien après toutes ces journées de route.


...

Ambositra. Pause déjeuner. Détente, repos, temps de réflexion : ça s'annonce bien.

Mais non, M. Casse-oreille débarque pour réjouir la clientèle touriste de son répertoire musical hors-paire !
Petit malgache d'une cinquantaine d'années bien basané, coupe yé-yé "casque", mi-longue, noire et défrisée, faciès merina édenté avec trois poils au menton (un artiste, quoi !) qui lui donne un air mexicain, juste ce qu'il faut.
Armé d'une vieille guitare grinçante ("dzoing dzoing"), il nous sert bien fort, l'air pénétré, une interminable série de chansons dont le spectre s'étend invraisemblablement d'"Oh when the saints" en malgache à "Etoile des neiges" avec son refrain alpin "yalala itou, laïtou..." qui lui va comme un gant !
Tout ça sort de façon incompréhensible de sa bouche avec une voix nasillarde à la Claude François ! Et ça dure !! Tout le repas !!

J'en ai des palpitations !


... Suis tentée de négocier le prix de son silence...

- Absolument insupportable ! Mais dansant !... -

...

Le 13.08.08

Balade en Betsileo avec Robin, sur les collines, dans les rizières, dans les villages. Plaisir retrouvé de la marche et du contact qu'elle permet d'avoir avec les gens. Partout, parfum des mimosas, d'eucalyptus, petites fleurs roses et délicates des pêchers, éclats de ciel dans les vallées.

...





Randonnée à travers les rizières et les villages de la région d'Ambositra. Sur notre parcours vers Soatanana, le village d'artisans qui fabriquent les tissus en soie, nous faisons, en début d'après-midi, une escale dans la maison d'une très vieille dame.

Elle a 92 ans, ce qui, étant donné l'espérance de vie à Madagascar (62 ans je crois...), est un chiffre digne d'un grand respect.
Après s'être renseigné dans le village, Robin nous conduit vers la maison de l'"ancienne" où une ribambelle d'enfants très jeunes nous accueillent tout excités en nous touchant, nous encerclant, nous inondant de rires pleins de dents noircies...


Nous montons l'escalier à colimaçon en bois à tâtons, les yeux habitués à la lumière vive du soleil de 13h00.
En haut, une dame d'une quarantaine d'années (peut-être...) nous introduit dans une petite pièce. Au sol, du parquet, dans la chambre, un grand lit, deux chaises, et quelques caisses pour les vêtements et les couvertures. Là, nous attendons patiemment... 
Les enfants (5 ou 6) jouent autour de nous.
Un petit de 2 ans joue à toucher ma jambe et se mouche presque dans mon pantalon. Deux autres rampent devant nous, astiquant le parquet. Une petite fille (l'aînée) déambule dans la chambre en chantant "Au clair de la lune" en boucle... Nous sommes l'élément perturbateur dans leur quotidien, une curiosité, un spectacle !

Occupée à regarder et à sourire au bébé qui s'est glissé sous ma jambe droite, je n'ai pas vu tout de suite la "sage" entrer.




Telle une tortue, courbée, elle avance à petits pas lents, lentement, les yeux rivés sur le sol qu'elle ne voit plus. A ma hauteur, elle tend la main cherchant la mienne, et je la salue respectueusement. Après avoir salué Julien, elle s'assoit sur le lit, en face de nous.

Notre conversation fut brève, nous avons partagé un long silence en compagnie de cette vieille dame dont l'image ne put que nous inspirer un profond respect pour la dureté de sa longue vie, percevant encore quelque part (dans sa façon d'exiger un peu de silence et de tenue à ses arrière-arrière-arr...petits-enfants, sans doute) une force admirable.

Après nous être remerciés mutuellement pour ces instants partagés, nous avons repris notre route vers la soie !

...

A Soatanana, les villageois se sont réunis à notre arrivée pour exposer leur travail.

La négociation est rude (chaque habitant a son mot à dire !), mais nous sommes devenus des durs !





...

Nous avons quitté le village avec l'impression que nous n'avions jamais été aussi bons dans cet exercice... Quand on a demandé à Robin ce qu'il en pensait, il nous a expliqué que nous avions obtenu le tarif "merina", à mi-chemin entre les prix pour les vazaha et ceux pour les autres malgaches !...
Alors nous, comme normalement on est des gros nuls en négoce et marchandage, ben on est super content !


...

Le soir : magret de canard au miel et au gingembre. Un pur bonheur !
 

Manakara


Le 10.08.08

Dernier dimanche à Mada...
Habits de gala à la sortie des églises, Manakara, et comme un goût de fin de piste.
Duvet de nuages gris et blancs sur une végétation dense.
De nombreux palmiers.
Le rythme indolent d'une petite ville de l'est parcourue de pousse-pousses en tous sens, seule agitation dans la nonchalance générale... et encore... le pousse-pousse de Manakara va mora mora par les ruelles de terre battue, n'hésitant pas à faire des pauses pour causer un brin avec ses potes...




Après la frénésie, après l'ivresse de la route, nous nous offrons le luxe d'une journée de repos. Le voyage touche à sa fin et nous ne voulons rien précipiter, étirer le temps, allonger les heures de cette journée avant le retour en Imerina qui nous conduira inexorablement à l'aéroport de Tana...

Claire est à la peinture. Mes doigts fouillent ma barbe pour trouver quelque chose à écrire...

Sur la rambarde devant le flamboyant, un petit lézard vert se délecte de la crotte laissée il y a quelques minutes par un autre petit lézard vert. Une petite pensée pour Pierre Marieu !...

...


Lionel

Lionel, le patron de l'hôtel "Les flamboyants" à Manakara...

Crâne rasé, bouc grisonnant, tout un poème, la gouaille facile, passionné de boxe et de Baudelaire, Lionel parle des chinois : "Ils sont partout ! 
Ici, ils veulent mettre la main sur les gisements de pétrole. Avant, ça les intéressait pas - c'était trop profond, trop cher à l'extraction -, mais par les temps qui courent... Ils ont même fait grincer des dents à la Banque Mondiale ! Ils ont proposé à Ravalomanana un chèque plus gros que ce qu'elle donne chaque année ! Du coup, les autres ont été obligés d'allonger, mais ça durera pas longtemps, hein ! Vous verrez ! C'est sûr, ils finiront par tous les niquer, comme ils ont fait au Darfour et partout en Afrique et en Asie !"


Sur les ONG : "Des p'tits gars pleins de bonnes intentions - ils veulent aider - mais bon, attention hein ! Y en a plein ici qui en profitent pour palper comme il faut. Tu parles ! Des 4x4 neufs qu'ils ont ! Et attention les salaires ! C'est le bon filon pour les malgaches !"

Sur les vazaha qui veulent donner un coup de main : "Tenez : l'autre jour, cinq jeunes - des médecins et des infirmiers -, ils viennent avec deux grosses caisses de médicaments pour le dispensaire. Ils vont les donner là-bas, à la personne responsable, quoi !
Le lendemain, y en a un qui se sent pas bien; il est malade. Mais les jeunes, ils avaient tout donné au dispensaire alors ils y vont, pour se soigner, quoi !
Quand ils arrivent, y avait plus rien. Disparus dans la nature les médocs ! Bah ouais c'est sûr, hein ! Moi, j'leur ai dit, hein : "Tu fais un truc comme ça, tu fais venir tout le monde : le préfet, le maire, le gars de la province, celui du district, les médecins du coin et le consul de France - de toute façon, ils ont rien d'autre à foutre -, qu'il y ait des témoins, pour bien faire le point sur ce que tu donnes et à quoi ça sert, sinon, laisse tomber !" Et pareil pour le reste !..."


Sur le "capitaine" (autre personnage haut en couleur de la petite communauté de Manakara) : "Le "capitaine", c'est un extra-terrestre. Il va dans des coins, personne peut le suivre.
L'autre jour, j'en vois deux le matin avec une grosse gueule de bois. J'leur demande : "Vous avez fait quoi ?" Ils me répondent : "On a suivi le "capitaine"." "Mais on ne suit pas le "capitaine" !!" que j'leur dis ! C'est un breton ! Et quand ça tisane un breton, j'aime autant te dire que c'est pas triste !... Nous on lui dit au "capitaine" qu'il faudrait un peu se calmer sur le biberon. Il s'abîme l'air de rien ! Mais pensez, un breton ! Il veut rien entendre ! C'est dommage, c'est plutôt un type sympa le "capitaine" !"

...

Au coeur du pays Antemoro, où les femmes ont sur la tête des chapeaux de paille carrés, sans bord, ornés de losanges rouges, et où l'on fabrique un joli papier, à l'ombre des badamiers, Manakara est une ville à la fraîche, décontractée du gland...


Demain : taxi-brousse jusqu'à Ambositra.

lundi 18 août 2008

En train...


Le 09.08.08

Hier soir, nous avons rencontré Alain et Odile. Très sympas. Bon resto, repas arrosé de THB.

...

Ce matin, réveil dans notre petite maison d'hôte où nous dormions dans le lit de la dame de la maison d'hôte !!! 
Taxi.
Train (Fianarantsoa-Manakara, l'une des toutes dernières lignes en activité à Mada; pendant la saison, comme maintenant, délire vazaha, armée d'appareils photos et de caméras DV - comme nous ! - à la fenêtre, du côté gauche, "le paysage est plus intéressant" précise le Routard... nous sommes du côté droit !...).


4 wagons : 2 pour les malgaches (la 2nde classe, où se glissent quelques vazaha téméraires...), 2 pour les vazaha (la 1ère classe).

Au début, un peu de mal à prendre du plaisir... Autour de nous, les gens échangent leurs souvenirs de voyage : la Tsiribihina : génial, les baleines à Ste Marie : impressionnant, l'Isalo : ce que j'ai vu de plus beau, etc, etc, ad nauseam...


- Ça va mieux en l'écrivant ! -

Et puis,
en bon vazaha,
j'ai fait comme tout le monde : 
j'ai sorti mon appareil et pris de jolies photos !...


...

Une fois quitté le Betsileo, on s'enfonce vers l'est dans une forêt de fougères, de fanjans, de bringeliers, de longoses, et de plein d'arbres dont je ne sais pas le nom.
La brume du petit matin s'est levée. Il fait beau maintenant.


...

Le pays Tanala.

A chaque arrêt, des femmes et des enfants proposent les produits du coin : tangores et nèfles, bananes, miel et écrevisses, poissons de rivière et crevettes, manioc, beignets, boulettes de viande, samoussas, chouchoux, vanille, coeurs de boeuf, maïs, ananas, poivres, épices, piments, etc... différents à chaque station. Un vrai parcours gastronomique !


Il fait de plus en plus chaud, de plus en plus moite.

Bananiers, palmiers, daturas, arbres à pain, poinsétias, hibiscus, arbres du voyageur, canne à sucre, flamboyants et bambous autour de la voie de chemin de fer.


Les wagons de 2nde sont encore plus blindés que les taxi-brousses que nous avons connus. A chaque arrêt, valse de paniers et de paquetages, mandarines contre bananes, vanille contre poisson, thé contre miel, etc...


...

Julien se régale avec son appareil photo; il n'a qu'à appuyer sur le bouton tant les couleurs sont vives et les visages souriants et expressifs ! Mais y aura-t-il assez de place pour toutes ces photos !!!...


- Il fait chaud et moite... -


...

On finit par se mélanger aussi, les frontières s'estompent dans une ambiance de colonie de vacances.


C'est un long trajet (10h30).

Le Betsileo


Le 07.08.08

Ihosy. Soir. Retour dans les Hautes Terres.
Collines semblables au Bongolava, crevées de ravines creusées par l'érosion des sols. Rizières dans les vallées. Gens accueillants, sympathiques. Un air d'Asie et d'Afrique.

Une douche - froide -, nous voilà propres, laissant l'eau, noire, s'écouler doucement dans la rigole. Quelques mois et il n'y aura plus de trace du 4x4 dans nos bronches !

Musique sympathique. Wala laleh ! Demain, taxi-brousse jusqu'à Fianar, capitale du Betsileo. Wala laleh !

...

Le 08.08.08

Ce matin, réveil sans réveil. Chant du coq et des oiseaux. Rire des enfants dans la rue. Ronflement d'un moteur dans la cour. On se croirait à la maison !

...

Ihosy, petite ville de province chaleureuse et animée. Dans chaque bouche un bonjour et un sourire.
Les gens d'ici voient passer beaucoup de vazaha en 4x4 ou en minibus de tourisme, en provenance de Fianar ou Ambalavao et à destination de Ranohira ou Tuléar (ou l'inverse), mais Ihosy n'a aucun attrait touristique et personne ne s'y arrête jamais, sinon pour un bref déjeuner.
C'est pour ça qu'on aime bien être là.
Les gens sont spontanés et curieux, les bébés finissent leur nuit bien emmitouflés sur le dos de leur maman, la tête tantôt à droite, tantôt à gauche, les adultes ont la candeur des enfants, le sourire charmant, il n'y a pas de guide pour vous vendre un circuit, pas de tarif vazaha, beaucoup de gentillesse et de simplicité. Nous serions volontiers restés quelques jours à Ihosy, mais le train de Fianarantsoa ne nous attendra pas...


...

Ce matin, j'ai troqué mes petites tresses pagaille pour la crinière d'une petite lionne !

- Finies les petites tresses ! -

... et on s'est encore fait dévorer par des bêtes cette nuit !

...

Le 09.08.08

Hier, nous avons pris le taxi-brousse pour Fianarantsoa. Nous n'avons pas voulu courir le risque de rater le train pour Manakara, et avons quitté Ihosy avec le regret de n'avoir pu y passer plus de temps.

Taxi-brousse minibus, route goudronnée, chauffeur rapide : nouvelle expérience !

Partout, à droite, à gauche, des paysages magnifiques. Petits villages bordés de rizières en terrasses, on retrouve peu à peu les petites maisons hautes et les sourires sur les visages.
Comme Julien sort son appareil photo, je m'arme de ma caméra pour tenter de capter quelques images, trop heureuse de n'être plus gênée par les chaos de la piste. Mais le sort s'acharne sur moi, toujours en retard, je ne filme que des talus... Julien se moque et prend un malin plaisir à me coller son appareil photo en mode "raffffale" dans le champ !


Le taxi-brousse file à vive allure et brave certains virages de montagne sur 2 roues.
Nous croisons plusieurs caravanes de zébus en route pour le marché d'Ambalavao.

Quel bonheur de retourner dans les Hautes Terres ! A nous Fianarantsoa !

...

A peine arrivés, le flot de la ville nous surprend. Le train part demain matin, nous avons bien fait de ne pas nous attarder, nous l'aurions manqué.
Nous nous sommes précipités à la gare pour réserver nos places, il n'en restait que quelques unes !
Dans le hall, que des vazaha ! J'ai soudain très peur que l'on se retrouve dans un train Disney, peur d'être très déçue...