vendredi 13 mars 2009

Varkala


Le 06.03.09

Arrivée tardive à Varkala après une journée éprouvante : huit heures de train, un déjeuner très épicé, une attente interminable à la gare routière de Trivandrum sous le soleil de 13h00 et deux bonnes grosses heures de bus avant d'enfiler un rickshaw pour se retrouver là, sur une falaise rouge qui surplombe la mer des Maldives.
Les vagues, cchhhhhhh, enfin du silence.

Le soleil est rouge.
On peut le regarder dans les yeux se moucher dans les nuages pochés à l'horizon.

Des oies sauvages, un aigle, puis deux, puis toute une colonie...
Des centaines de cocotiers et un bungalow aux petits oignons pour reposer nos corps épuisés.

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Ce matin, après les aigrettes, les rizières et les ghats occidentaux à l'horizon, nous nous sommes retrouvés de nouveau dans la foule de Trivandrum, capitale communiste du Kerala, état communiste depuis 1957 (et une question qui me taraude : comment hindouisme et communisme peuvent-ils être compatibles, l'un percevant l'Histoire comme un éternel recommencement, niant la possibilité du progrès humain, verrouillant toute l'organisation sociale du pays, l'autre étant bien évidemment tout le contraire...).

Ici, le communisme s'est imposé par les urnes à l'Indépendance et n'a connu qu'une seule alternance, en 1991, avant de revenir au pouvoir.

Drapeaux rouges, faucilles et marteaux blancs, taux d'alphabétisation record en Inde et scolarisation de plus de 87% des femmes, un autre record, même si les nationalistes gagnent du terrain à chaque élection.

La prochaine échéance est dans un mois. Le Kerala est donc recouvert d'affiches des différents partis en course.


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A Varkala, nous allons nous "hippiser" joyeusement, nous faire masser, pratiquer le yoga, découvrir la cuisine keralaise et profiter de la plage...

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Le 08.03.09

Varkala est un lieu idéal pour quelques jours de vacances, loin du chahut nerveux des villes.
Les oreilles bourdonnantes, couverts de sueur sale et les yeux pleins de poussière, nous nous sommes posés là, dans un petit bungalow de bambou.

Au sommet d'une falaise qui surplombe la plage, nous profitons ici des services touristiques que nous fuyons habituellement, et ça fait du bien !

Massages ayurvédiques, cours de cuisine, baignade, repos, balades, lecture et peinture !

Après-demain, nous reprendrons la route avec envie.



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Le 09.03.09

Le massage ayurvédique est une expérience étrange !
Après notre séance à Mahabalipuram peu concluante (le masseur avait appelé son ami pêcheur à la rescousse, lequel avait sans doute planté là ses filets et ses poissons pour se faire un peu d'argent), nous avons pris rendez-vous hier après-midi dans le centre du docteur Sathyanandhan.

Abandonnant Julien aux soins du docteur, jeune homme moustachu avec de très beaux yeux verts, j'ai suivi la masseuse dans une autre pièce. Contente d'être prise en charge par une femme, j'étais prête à m'abandonner à ses gestes magnétiques et à savourer une heure de relaxation ! Mais cette tentative ne fut pas bien différente de la première...

De nouveau, je me suis retrouvée allongée sur une table recouverte d'un lino gras, et la prestation a consisté en un énorme bain d'huile étalée et frictionnée sur tout le corps !

La femme du docteur a suivi chacun de mes muscles, étiré chaque tendon, rempli chaque pore à ras bord !
Les membres douloureux, par moments, sous la pression de ses mains, j'ai cherché en vain l'aspect "relaxing" qui m'avait été promis. J'ai alors eu une pensée pour Julien qui, de son côté, était étendu sur la traditionnelle table en bois confectionnée de façon à recueillir l'huile aux extrémités...
Au bout d'un quart d'heure, j'ai compris qu'après de tels frottements, je n'aurais sans doute pas à payer l'épilation, et je l'ai interrompue avant qu'elle ne verse son bol sur ma tête...

Sortis de là après une bonne douche, nous avons couru, le regard encore gluant, nous rincer dans les vagues, tout excités et guillerets !

Pour la décrasse, c'est parfait, pour la relax, on passe !



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De Varkala, je retiendrai les aigles qui tournoient au-dessus de la falaise, les familles indiennes le dimanche qui viennent observer par curiosité les corps des blancs à moitié nus sur la plage, la ligne blanche des vagues sur le rivage, les cocotiers, la hutte en bambou qui nous a hébergés et l'heureuse découverte hier matin, parmi les livres d'occasion en anglais d'un bookshop, du livre de Vikas Swarup, "Les fabuleuses aventures d'un indien malchanceux qui devint milliardaire", roman picaresque de 2005 dont Danny Boyle a fait le film oscarisé la nuit de notre vol pour Chennaï. Je l'ai dévoré, comme un moustique se régale de la cuisse rosée d'une anglaise !


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Ces quelques jours de repos nous ont fait le plus grand bien. Demain, nous reprenons le chemin.

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Les anophèles sont de gros moustiques semblables à de petites libellules.

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Le 09 toujours : premier orage indien.
Le tonnerre gronde, le ciel est noir, la pluie tombe drue sur les palmes séchées du bungalow en bambou.

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