mardi 14 avril 2009

Goa


Le 01.04.09

Dans le train pour Goa : discussions avec les voyageurs, femmes dans les champs de coton, forêts denses et épaisses. La jungle ?

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Julien a avalé ma pilule contraceptive par mégarde !...
J'y ai cru ! Drôle !!


><((((º>

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Le 02.04.09

Anjuna, première impression : no man's land glauquissime.


Le long de la côte, marché éteint, marché fantôme et l'impression de croiser des zombies : "Come to my shop !"

Mais où sont les gens ?

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Anjuna, une ville de touristes déserte. Des boutiques ouvertes au vent chaud et humide, le long de la route sablée, en quête d'animation, de clients, de gens !
On a l'impression d'arriver après la fête : la pizza est encore collée au plafond, la guirlande lumineuse s'est à moitié décrochée, le buffet est encore là mais il n'y a plus de convives et une ou deux chaises sont cassées.



Ce n'est pas tant le fait qu'on soit "hors saison", on dirait plutôt que le village est resté figé dans un temps glorieux et révolu. Les guesthouses sont décrépites et chères, les marchands des échoppes et des restaurants hèlent les deux ou trois passants occidentaux, répètent leurs offres monotones comme au marché, mais leur voix résonne sur des murs vides.
La carte du restaurant est une énorme blague tant elle est variée et le serveur est avachi.

Voilà l'impression générale qui se dégage de ces premières 24 heures ici.
L'urgence de louer un scooter. La peur d'être enterré là.


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Le 04.04.09

Notre troisième jour à Goa.
Rien à voir avec le premier matin.
On est super bien !


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Le lendemain de notre arrivée à Anjuna, je suis allée me refaire une beauté au salon de l'hôtel (j'étais devenue un vrai yéti !). Une découverte : l'épilation au fil dentaire !

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Aujourd'hui, nous sommes à Panaji ("Panjim"), ville "méditerranéenne", fruit de plus de 400 ans de présence portugaise, colorée, parsemée d'azulejos et d'églises blanches.
Ça me fait penser à Kochi, mais en plus vivant.
Il paraît que cela ressemble à Lisbonne mais je ne connais pas Lisbonne.

Y a-t-il tous ces scooters à Lisbonne ? ces petits bars obscurs où des hommes descendent de petits verres d'aguardiente ? des arbres qui poussent sur les façades des immeubles ?




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Pour venir ici : autoroute indienne aux heures de pointe en scooter. Assez stressant... Sans compter le racket des Chip's locaux : "Pas de casque, pas de permis ! Ça va chercher dans les 1050 Rps d'amende, tout ça !... Bon, alors, on fait comment ?"

Ben, on fait qu'on file 500 et on se casse !

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En vadrouille pour visiter Panjim.
Peur et stress de la route, Julien s'en sort très bien.
Mauvaise expérience du racket (une nouvelle fois) par la police en arrivant à la capitale.
Plaisir de la balade dans les petites rues aux maisons colorées, des balcons en fer forgé, des azulejos sur les murs et les porches, du fromage à midi.
Chaleur écrasante.



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Hier, promenade en scooter sur les plages du nord. Julien fait le photographe pour un jeune couple de russes — ils sont partout ! — à Morjim, à l'embouchure de la rivière (des poissons nagent sur le dos, on évite de s'y baigner). Lui, slip léopard et frange. Elle, petit maillot sexy et grosses lunettes de soleil hype.

Pause de conquérant et de bimbo dans l'eau jonchée de poissons morts, la cuisse entre celles du "beau vainqueur".

Julien : "J'appuie sur le bouton là ?..."
Moi, la goutte au nez : "... mais qu'est-ce qu'ils font ?"

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Hier : scooter aussi, mais sur des petites routes chargées de poussière rouge, au milieu des rizières et des cocoteraies.



Les plages du nord.

Vagator,
Chapora,
Morjim,
Asvem,
Mandrem,
Arambole...

Le russe a remplacé l'hébreu sur les flyers accrochés aux cocotiers, sur les panneaux des masseurs, sur le menu des restaurants... Et de fait, beaucoup de russes dans les parages (tête d'agent secret du KGB et string ficelle !).

Shiva sorti du rocher à Vagator.
Teuffeurs crados fumant shilom à Chapora.
Falaises rouges et vertes bordant les plages de sable blanc et fin.
Coucher de soleil sur l'océan à Anjuna, baigné de musique planante.

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Avant-hier soir : le Sublime ! Un chef new-yorkais installé dans un cadre enchanteur, et du boeuf !!!

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Ce matin : deux vieux indiens parlent portugais dans la rue, beaucoup de maillots d'équipes de foot (anglaises de préférence), quelques nuques longues (Lisbonne ?), un vieux monsieur rayonnant sur un vélo.
Palimpsestes.

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Le 06.04.09

Little Vagator. Chaleur, soleil, musique aux airs de guitare espagnole planante. L'eau n'est pas limpide aujourd'hui mais le vent rafraîchit.
Deux tridents trônent sur les rochers balayés par les vagues. Sur les transats, des russes en topless et tatouages affreux rougissent au soleil. Les vendeuses de fruits et de paréos sillonnent le sable brûlant.
Un aigle joue avec un cerf-volant...


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Julien ne se trompe plus systématiquement de scooter ! Il en a repéré les signes distinctifs : le petit Ganesh rouge à l'avant, les écritures en hindi au-dessus du cadran et la plaque jaune GA03T9507.
Quant à moi, j'ai cessé de me tortiller à l'arrière.
Torse nu, lunettes de soleil, "Ali Baba trousers" et cheveux au vent... ça y est, on a le style !

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Le 07.04.09

Journée culturelle, visite de Old Goa et ses églises. Jusqu'à présent, nous avions été surpris de constater que toutes les églises étaient fermées. Certaines le sont même à l'heure du déjeuner. La maison du Seigneur peut être close; Dieu aussi fait la sieste.




Velha Goa est une ville morte. Les habitants ont fui les épidémies de choléra et de malaria au XVIIème siècle, les bâtiments ont disparu et les matériaux ont été réutilisés pour construire les maisons de Panaji. Il n'y a donc plus que de grandes esplanades arborées entre les routes, avec des églises et des couvents.


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Deux jours de plage et un concert sympa, hier soir, dans ce qui est désormais "notre" bar sur la plage d'Anjuna.

Ce matin, Velha Goa, et de nouveau : autoroute, slalom, 500 Rps de bakchich pour le casque et le permis, deux-trois frayeurs et ce musée en plein air.
Traces de la Compagnie de Jésus, souvenirs d'Iguazu...



"Je ne fus pas plutôt arrivé au lieu de ma destination qu'on m'apprit qu'Elcabat et Benurez, deux villes considérables du pays, venaient d'être submergées et qu'il avait péri dans ce désastre plus de cent mille personnes [...]. Tout le Gange était couvert de cadavres, de bestiaux et de débris de maisons. Il semble que le Seigneur ait voulu punir ces villes des abominations qui s'y commettent impunément depuis plus de trente ans. Nos missionnaires les comparaient à Sodome et Gomorrhe. Si ce qu'ils m'ont raconté est vrai, comme je n'en doute point, elles méritaient un châtiment semblable à celui de ces deux anciennes villes."

[Lettre d'un jésuite anonyme, 1er janvier 1753]

Vite, vite !!! Retourner à la plage !



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Goa, avril 2009 : enclave occidentale au coeur de l'Inde... un break qui fait du bien après six semaines de course. Aujoud'hui, justement, six semaines depuis Chennaï, commence notre plus long voyage...

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"Nous sommes à Goa depuis mercredi dernier, posés et en vacances (on va avoir du mal à partir !...). C'est cool. Pas trop de monde parce que la saison est passée mais suffisamment de gens pour qu'il y ait du charme et de la vie.

On a loué un scooter jeudi, et depuis on alterne visite de villages et d'églises portugaises, découverte des anses du littoral et journées de glande à la plage. C'est joli et sympa.

[...]

Quelques vieux hippies en slip de bain, barbe et cheveux longs (certains ont fière allure !). Pas mal de tatouages et de piercings.

On se détend.


Le départ sur Bombay est prévu mercredi soir (ou jeudi si vraiment on n'arrive pas à s'arracher !). Ça va nous changer !..."

[Mail à mon père, le 06 avril]

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Le 08.04.09

Marché aux puces d'Anjuna (bastion hippie).
Caressé des vaches sur la plage.
Maisons aux toits de tuiles.
Train, pleine lune, rencontre, ingénieur dans l'"Aircraft Industries", 2 lakhs/an, ce qu'on dépense nous pour quatre mois de voyage, silence gênant, et puis, sourires à nouveau. Un thé partagé.
Demain matin : Bombay. 18 millions d'habitants.


Michaux : "Ils ont fait alliance avec la vache, mais la vache ne veut rien savoir. Il y a des vaches partout dans Calcutta. Elles traversent les rues, s’étalent de tout leur long sur un trottoir qui devient inutilisable, fientent devant l’auto du Vice-roi, inspectent les magasins, menacent l’ascenseur, s’installent sur le palier, et si l’Hindou était broutable, nul doute qu’il serait brouté. Quant à son indifférence vis-à-vis du monde extérieur, là encore elle est supérieure à celle de l’Hindou. Visiblement, elle ne cherche pas d’explication ni de vérité dans le monde extérieur. Maya tout cela. Maya, ce monde. Et si elle mange ne fût-ce qu’une touffe d’herbe, il lui faut plus de sept heures pour la méditer."


2 commentaires:

Vinche a dit…

Cool.
A l'assaut de Bombay ! argggg...

Anonyme a dit…

Ouaouuuuuuuhhhhh ! Quel festival de couleurs, on a envie de tout ! Claire a du se régaler (à combien de sac à dos êtes vous ???). Les photos sont toujours aussi magnifiques... Et les commentaires extras ! Déjà presque deux mois de route, l'impression que vous êtes partis depuis une éternité. Que de belles choses rencontrées lors de ce périple... On attend toujours la suite avec la même impatience !
Ici tout va bien sinon un temps de m... depuis 15 jours.
On vous embrasse tout plein.
Armelle & Cie