mardi 29 juillet 2008

Au fil de l'eau...


Le 16.07.08

(Ecrit sur la pirogue)

Derrière nous, Ankavandra, sa femme au pieds nus, son chef de gendarmerie, ses portraits de Britney Spears en nichons aux murs des gargotes, les berges de la Manambolo et la rencontre avec Emmanuel et Cécile avec qui nous partageons la descente du fleuve.

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Hier, une goutte de rhum, une prière et nous avons embarqué.

Depuis, zig zag sur la Manambolo à la recherche des tirants d'eau.
Ce matin, des paysans armés courant après leurs zébus volés, le bruit de l'eau, le chant des oiseaux, grues, hérons, martins pécheurs, un caméléon blanc dans les cannes à sucre, des canards sauvages, milans, corbeaux à la gorge blanche, pécheurs, de rares marchands, des manguiers, berges ensablées et quelques palmiers. Des poussières d'or dans l'eau rousse.

Après avoir longé les Hautes Terres vers le sud, nous filons vers l'ouest comme une lame de rasoir sur la gorge d'un canard....


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Le 17.07.08

Troisième jour de pirogue. Le temps passe len-te-ment... Le paysage change autour de nous, le sable des berges laisse la place à plus de végétation et nous apercevons au loin les falaises du défilé que nous allons longer en fin de journée.

La canne est triste... Son compagnon nous a régalé au dîner d'hier soir ! Elle ne s'exprime plus que lorsque nous nous échouons sur un banc de sable, et que le fond de la barque qui se réhausse l'écrase contre le banc sur lequel je suis assise... OIN OIN !!
Le canard, ce palmipède calme, joyeux et expressif, a partagé l'avant de la pirogue avec moi pendant deux jours et je peux maintenant ajouter à son CV le qualificatif "goûtu" !

Pause déjeuner sur une berge, à l'abri des arbres qui communiquent entre eux par des lianes torsadées. Un vrai nid d'insectes en tous genres, attirés par notre odeur de plus en plus agressive...

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Le 18.07.08

Arrivés à Bekopaka. Découverte des petits Tsingy. Impressionnants ! J'ai hâte de voir les grands Tsingy !
Mais je ne supporte vraiment plus mon odeur, vivement la douche promise à l'hotel ce soir !
Pas d'eau chaude... Il fait froid le soir... On n'est plus à un jour près, la douche attendra demain...

Tsingy : Formation géologique calcaire faite d'amas de coraux et de coquillages qui, après le retrait des mers et suite à l'érosion de pluies plus ou moins acides, forment des pics hauts de 15 à 75 m, tranchants, labyrinthiques comme des orgues géants.

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Le 19.07.08

Bekopaka. Quatre jours de pirogue nous ont rassasiés !

La vie au fil de l'eau s'est révélée difficile... plus difficile que prévue... en particulier pour nos fesses qui ont supporté douloureusement les sept heures de position assise quotidiennes sur la barquasse en plastique bleu.

Pas ou peu de crocodile (j'ai vu l'ombre chinoise d'un jeune dragon glissant dans l'eau, Claire a vu une queue), des oiseaux, des enfants cherchant pitance à notre campement ce matin, affamés; les bords du fleuve ont dévoilé la pauvreté extrême de l'ouest malgache.Dans les villages, pas d'école, pas d'hôpital ou de dispensaire. Vontzi dit que les gens se soignent à la médecine traditionnelle lorsqu'ils sont malades ou blessés. Que le plus souvent, ils attendent la mort dans leur lit. Les enfants travaillent dès le plus jeune âge avec leurs parents pour récolter le maigre menu des repas qui les affament.

Nombreux feux de brousse le long de la Manambolo. Allumés par les brigands pour effacer les traces des zébus volés qu'ils cachent quelque part dans la vallée.


Arrivés dans les gorges, notre piroguier, Pati, s'est transformé en messager pour les habitants du fleuve, portant des nouvelles d'Ankavandra ou d'ailleurs pour les uns et les autres.

Un mot enfin pour dire que Talao a pris semble-t-il un certain plaisir à égorger une poule et un canard que nous avons mangés avec délice, privant Claire de ses compagnons de voyage !

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Quelques heures avant l'arrivée à l'embarcadère, nous sommes remontés le long d'une ravine pour nous baigner dans une piscine naturelle.

Nous sommes maintenant un peu vidés, d'autant plus que nous avons passé l'après-midi d'hier et la matinée d'aujourd'hui dans le parc des Tsingy, rochers énigmatiques aux formes sculptées par l'érosion, lieu sacré, tombeau des Vazimbas, les premiers habitants de Madagascar dont les esprits, de l'air sont les rois.


Avons quitté hier Cécile et Emmanuel, rencontré dans la foulée Judith et Etan, deux suisses de Zurich qui seront nos compagnons jusqu'à Morondava.

Dernière nouvelle de la journée : six jours après notre "douche" d'Ankavandra, enfin, nous sommes propres !!!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Donc... si je comprends bien... parce que je m'aperçois que je lis à l'envers (il faudrait lire du bas vers le haut pour respecter la chronologie), le Manu qui troque son rhum contre du riz (quel manque de sens commercial) c'est Emmanuel de "Emmanuel et Cécile" ? J'ai bon ?
Et comment vous entendez-vous avec Jeudi et Etang ??

(attention les plus subtils d'entre vous pourront déceler un très fin jeu de mot sur la fin de mon commentaire)