lundi 21 juillet 2008

Ankavandra


Le 14.07.08

Ankavandra jour 2.

Vivons depuis hier dans un hôtel rustique au centre du village d'Ankavandra. Nous avons quitté les Hautes Terres du Bongolava et sommes désormais dans la plaine du Bemahara au cœur du pays Sakalava. La vie ici épouse les désirs de la Manambolo; c'est la vie du fleuve, la vie au rythme de l'eau. Il fait très chaud !

De la terrasse ombragée d'où j'écris ces lignes, je peux voir l'imposant massif que nous avons traversé ces derniers jours, rouge et rond comme un ourlet. Je revois ses veines rouges, écrasées par un soleil impitoyable, ses feux de brousses, ses ravines rouges de verdure comme des coups de griffe, ses herbes hautes, la savane malgache, les petits villages de terre cuite aux toits de paille sèche, cinq-six maisons rassemblées sur le dos rond des collines, au cœur étoilé des sentiers, ses oasis de fraîcheur et ses points d'eau salutaires.
Je pense à Tojo, Edward et Lotra, au sourire charmant des enfants, aux longues marches traversées de rivières à pied nu, aux paillettes de nickel dans la fine poussière rouge et à cette après-midi magique et colorée où Claire a mis tout ce petit monde à l'aquarelle à l'ombre des manguiers.
Images aussi des rizières dans les creux humides, de cochons à pois noirs et de troupeaux de zébus de retour des pâturages. Souvenirs de grands oiseaux survolant leur territoire, de petits hommes en sagay craignant d'invisibles bandits, d'un lever de soleil mérité sur une plaine couverte de fourmilières roses comme des kerns, levant le voile sur la vallée, cette vallée tant désirée, rose et bleue, où coulent les nœuds du long serpent serein, la Manambolo, Ankavandra lovée en son sein.

L'arrivée à Ankavandra se fit au pas de course, comme le vol d'un milan le long des rizières, le long des cannes en fleur,
à travers les zébus les aigrettes,
les enfants les villages,
vers l'ombre bienfaisante de cette terrasse, vers ce fleuve dont nous descendrons bientôt les courants, les anneaux et les berges peuplées d'oiseaux, du sourire des enfants et des femmes, des vieillards et des hommes des plaines du Bemahara.


Vidéo envoyée par Kunlegs

...

Le trou.

Au fond de la cour, il y a le "trou".

Le "trou" est une petite pièce exigüe, faite de trois murs de ciment, d'une porte en bois défoncée, couverte d'une plaque de tôle rouillée, éclairée des quelques rayons de lumière qui passent çà et là à travers la porte, l'un des murs et les étais. Dans le "trou", il n'y a rien, sauf un trou au sol et une petite corbeille en plastique vert pleine de PQ. Quelques auréoles décorent la dalle de béton qui sert de sol. Une odeur familière exhale du trou, noir, profond semble-t-il, si l'on en croit le temps que met l'urine à en toucher le fond.

Cette nuit, par deux fois (il fait chaud ici et je bois beaucoup d'eau), je me suis rendu au "trou" avec ma frontale (pas de lumière dans le "trou", pas d'électricité à Ankavandra) et j'ai vu le fond du trou. Le trou du "trou" est profond de deux mètres environ. La cloison est faite de briques, le fond est une mare de matière fécale, de pisse, mélange du fond du fond des intestins des vazaha passés par Ankavandra. Cette boue stomacale fait le bonheur de toute une population de bestioles qui sortent la nuit nettoyer les alentours du trou.

Cette nuit, cette joyeuse bande de cafards, cancrelats, mouches, araignées et de blattes (des grosses blattes) était à la fête sur les bords du trou.
Je les ai régalés !


5 commentaires:

Anonyme a dit…

Sympa cette petite anecdote sur le trou ! Surtout l'expression "boue stomacale" qui, à mon goût, fait remonter le sujet bien trop haut et à contre-courant O_ô
A partir de maintenant je ne lirai ce blog que l'après-midi... et loin des repas...

gregou a dit…

mmm le trou...
J'attend avec impatience la descente en pirogue!
Plein de bises à tous les deux.
A très vite

Anonyme a dit…

Ouais, ouais, ouais.
Quelle envolée lyrique.

Moi je l'aurais plutôt dit comme ça:

Ankavandra, 2ème jour, vivement la fin.

On a trouvé un hôtel bien pourrave au milieu du bidonville. On en a enfin fini avec toutes ces montées du Bongolava. Le Bemahara, au moins ça monte pas dans les descentes. encore que. Ici, ils font tout en fonction de leur rivière. Et nous aussi, on vie au rythme des moustiques de leur rivière de merdeuuuxx, je me suis encore fait piquer!

Je vous écrit ces lignes d'un starbuck coffee. D'ici je peux voir cette saloperie de montagne qu'on a traversé. Putain, c'était dur. J'vous raconte pas la veille terre rouge qui nous reflétait le soleil sur la gueule. Comment on en a chié. Sans parler des broussailles qui t'arrachent les jambes. Des petits villages paumés avec rien à manger. Et les marres de boue où on devait faire le plein d'eau.

Je pense à Tojo, Edward et Lotra, au sourire charmant des enfants. Mais où est mon portefeuille? Faich... En plus ces petits cons ont foutu plein de peinture sur mon falzar.

Après, on s'est paumé. On s'est retrouvé au milieu des cochons et des zébus. On n'avait pas l'air cons. C'est la faute de Claire, aussi. Elle a confondu des fourmilières avec des kerns. Elle dit que c'est de la même couleur rose. N'importe quoi. Un kern, c'est gris, pas rose. Et une fourmilière c'est marron. Je devrais peut-être l'emmener chez un ophtalmo. Mais y'a rien ici. Et avec le Manambolo qui fait que de tourner dans tout les sens, on est pas près d'arriver quelque part.

Bon, là, on en avait tellement ras le cul qu'on a foncé vers Ankavandra comme des ouf. Il devait y avoir des trucs à voir sur les côté, mais j'ai rien vu. D'après ce qu'on en dit, il y a des rizières, des cannes, des zébus, etc, mais j'ai rien vu. Ca doit pas être la saison.

On va bientôt descendre le fleuve. Ca va être la fête aux moustiques, je le sens.


Le trou.

Et les gars! J'ai chié dans un trou de 2 mètres de haut. Quand ça tombe ça fait un gros plouf que tout le monde entend. Et tout le monde est mort de rire.
Trop bien. Faut qu'on en creuse un comme ça à Lescun!

Anonyme a dit…

Aaaaaaaaaaah les voilà les histoires de caca ! On les attendait !

Anonyme a dit…

Bon moi, j'en ai marre de travailler alors je vais rentrer boire une bière blanche et manger des pringles dans mon jardin en attendant Hélène et après on va aller au ciné et après on va manger une glace Ouaiiiis !