lundi 21 juillet 2008

Le Bongolava


Le 09.07.08

Traversée du Bongolava avec Lalasy et Jimmy. Rizières parsemées de grands échassiers blancs (les aigrettes ?), briqueteries dans le lit du fleuve ou dans certaines parcelles. La saison sèche permet cela : collecte de l'argile, construction de petits bunkers de briques humides dans lesquelles on fait un feu pour les durcir. Partout sur les collines, entre les villages, entre les rizières, des sentiers rouges comme la terre : les veines de la Grande Ile, déjà aperçues depuis le ciel à l'arrivée. Quelques forêts pour les vers à soie. Les jachères des rizières, saison sèche oblige, servent à faire pousser des patates, des tomates, etc... Beaucoup de zébus, quelques troupeaux de chèvres.

Passons la nuit à Tsiroanomandidy. Demain, taxi brousse jusqu'à Belobaka. Claire a commencé à étrenner son malgache. Les gens nous sourient. Nous sourions aux gens. Nous sommes heureux.

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Le 10.07.08

Passé la matinée avec deux petites filles très mignonnes. Raël, leur papa, est chargé par le gouvernement de contrôler l'usage des crédits alloués au développement des zones rurales. Il a la peau noire, de longs cheveux raides, un tee-shirt de hard-rock et des bottes de cow-boy. Il dit qu'il était musicien (guitariste) dans un groupe de rock, qu'il composait des morceaux, qu'il a arrêté tout ça parce qu'il n'a plus le temps avec ses trois petites filles (Crystal, la petite dernière, a dix mois). Tout le monde lui souhaitait d'avoir un garçon. Il dit que ça n'est pas grave...Son métier fait de lui un papa absent, toujours en vadrouille dans l'une des provinces du pays. Il est motard. Parfois il marche (jusqu'à 40 km dans une journée) pour visiter les zones les plus isolées. Il dit que ce n'est plus trop possible aujourd'hui à cause des bandits. Tous les 5 vivent à Tana. Pour la première fois, Raël a décidé d'emmener sa famille avec lui, pour lui montrer l'ouest et passer plus de temps avec elle...


Promenade en ville sur les coups de 11 heures. L'impression d'être un extra-terrestre avec les baskets, les lunettes de soleil et le sac de rando high-tech ! Beaucoup ici marchent pieds nus, chapeau de paille ou casquette américaine sur la tête. Les enfants rient sur notre passage en disant : "bonzour vazaha !" (ce que nous sommes, des "vazahas", étrangers blancs). Impressions de Far West, d'Afrique, d'Asie. Des pousse-pousses et des charrettes. Des échoppes de fruits, de légumes, d'épices, de viande. Des odeurs agréables soulevées par le soleil et la chaleur. Beaucoup se déplacent en vélo. 


Un enfant dans un arbre décrochait des gousses de tamarin en fouettant les branches à l'aide d'un bâton pour régaler ses camarades. Au loin, au bout des rues, montagnes rouges, végétation semi-aride. Ici, des poinsétias, papayers en pagaille, frangipaniers en fleur, flamboyants, jakarandas, manguiers, arbres du voyageur... Claire ne se sent pas très bien... Nous espérons que ce n'est rien... Ce soir, nous serons dans un petit village très isolé, pas de dispensaire, peu de possibilités de retour. Et puis, nous sommes censés marcher trois jours après ça... Loin de tout... Nous espérons vraiment que ça ira mieux rapidement...

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Belobaka.

En deuil de nos estomacs, avons déposé une gerbe à Belobaka !

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Le 11.07.08

Premier jour de marche après une nuit plus ou moins réparatrice... Humpfff ! Dur dur...
Au début, que du bonheur. Les paysages sont splendides. Grandes étendues de savane vallonnée à perte de vue. Dans les flancs des collines, au détour d'un virage, un éboulis a fait naître une oasis et le vert des arbres qui y poussent contraste avec l'orange argileux de la poussière que nous foulons de nos pas et qui peu à peu nous recouvre.

Et puis... marcher au rythme de deux bambins malgaches aux pieds presque nus, qui gambadent sous un soleil de plomb, l'estomac encore capricieux par moments, ça casse un peu. Leurs rires et leurs jeux sont une vraie source de courage, heureusement.
Pause déjeuner sous un arbre. On s'étend sans trop de complexes sur une bâche couverte de sang séché de zébu, et on partage l'espace avec une grosse truie blanche, un cochon noir et un petit cochon à pois (!) qui grattent le sol du groin en quête de fraîcheur.

Arrivés au campement à 16 heures. Dans un virage du sentier où coule une rivière. Nous avons dû en passer plusieurs dans la journée, Vonzy me porte pour que je ne mouille pas mes chaussures... pendant que Julien se déchausse et renfile par la suite ses chaussettes pleines de boue !

Les porteurs : trois hommes en tongs, ils cavalent malgré des charges énormes (notamment nos deux sacs, chacun 15 kg) qu'ils portent de préférence sur la tête.


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Le 12, levé 6 heures, départ 7 heures. Découverte de la température au levé du soleil, l'air est frais ! Après quelques tartines de confiture de fraise qui font du bien - tsara ! -, on attaque la montée. Nos pieds remuent la poussière, avancent au rythme du chant des porteurs, slaloment entre les fourmilières. Arrivés à la frontière entre la région administrative de Tana et celle de Tuléar, dans le Bongolava, petit café au vent sur la crête, à l'abri d'une cahute de fortune, tenue par une vieille femme, seule gardienne des lieux. Et puis la descente vers notre lieu de campement près d'une rivière, à l'ombre des arbres, en pleine jungle.

Ce jour, j'ai foulé un serpent du pied, échangé quelques mots en malgache, partagé mon aquarelle, ma douce pause peinture...

Troisième jour, dernier jour. Levé 3 heures... Départ 4 heures pour profiter de la fraîcheur de la nuit. Les pas résonnent dans tout le corps, les yeux sur les talons du marcheur qui me précède, la tête dans les étoiles, le rythme est soutenu.
Un pas, et puis l'autre, les fourmilières sont de petits kerns qui jalonnent notre route, le corps fonctionne seul, les pensées s'évadent, l'impression de liberté me saisit au sommet, le soleil est levé et on aperçoit au bas de la falaise les basses terres, le pays Sakalava et la Manambolo qui serpente et borde Ankavandra. Fin du parcours.


Le 13.07.08.

Après trois jours de marche, un caca dans un trou et une douche rudimentaire, rien de tel qu'un bon match de foot à Ankavandra ! L'équipe locale reçoit ce dimanche l'équipe d'un village voisin. Pour cette rencontre au sommet, les locaux ont mis les petits plats dans les grands : filets dans les cages et petits drapeaux aux angles du terrain. Tout le village est là : hommes, femmes, enfants, chèvres, coqs, cochons, à l'ombre des manguiers. Ai quitté l'assemblée (la joyeuse assemblée !) à la mi-temps. Ankavandra menait 3-0. A chaque but, cris de joie, applaudissements, embrassades. Au troisième but, le terrain a été envahi par une foule d'enfants enthousiastes. La plus belle occasion de l'équipe adverse a rebondi sur un petit cochon inconscient qui traversait le terrain. L'animal, terrorisé, a cherché à s'enfuir... et le match a dû être interrompu car la pauvre bête était prise, de la tête à la queue, dans le filet du but ! D'où on a dû le déloger... Balle au goal, six mètres.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est cool ces petites histoires mais ça manque de photos !!! Par exemple le cochon dans le filet de but...
Bises,

Vinche.

Anonyme a dit…

oui c'est un peu comme quand papa nous faisait lire nos premiers vrais bouquins... "c'est bien l'histoire mais les descriptions sont un peu longues", "y'a pas beaucoup d'images"...

Par contre le voyage a l'air pas mal du tout !!