dimanche 17 août 2008

Traversée de l'Androy vers les Hautes Terres


Le 06.08.08

Avons quitté Fort-Dauphin sous un soleil radieux ! Les boules !

...

Ce matin, en traversant la rivière à Amboasary, femme aux seins nus lavant son linge.
Beaucoup d'activité dans les champs et dans les rizières de la montagne. Des zébus de trait tracent des sillons dans les vallées près des villages. 

...


Le 07.08.08

Départ de Fort Dauphin pour Ihosy hier matin. Nous devons effectuer le voyage en 2 jours et on nous prédit une piste mauvaise... L'aventure reprend donc à bord de notre Land Cruiser pourri, de 20 ans au moins notre aîné !

Au petit matin, la lumière est magnifique et nous découvrons, à travers les vitres fraîchement lavées par la pluie de Fort Dauphin, un paysage superbe. Des rizières reflétant le bleu du ciel et les arbres verts qui les bordent. Au loin, des montagnes ocres. Çà et là, des charrettes à zébus, des femmes qui portent des seaux d'eau, des hommes chargés de fagots et des rires d'enfants tout autour de nous. Julien m'a invitée à utiliser "son" jouet et je m'excite. Armée de l'appareil photo, je bondis à l'arrière, allant d'une fenêtre à l'autre et shootant tout ce que mon oeil capte, comme une japonaise née de la veille !


...

Plus tard, c'est un terrain hostile que nous traversons. Le pays Antandroy est sauvage et sec; la piste nous malmène. Partout, des tombeaux ornés de stèles s'élèvent dans le sable et la poussière blanche, des cactus et des broussailles, délavés par le soleil et le sol, des villages perdus aux visages fermés et méfiants. La terre refuse de boire mon urine tant elle est dure et desséchée ! Bientôt, le ciel se teint d'orange et de mauve. L'horizon nous encercle; bientôt, la nuit noire et l'éclat des flammes rouges de plusieurs feux de brousse menaçants.

Seuls au milieu, luttant inlassablement contre les chaos de la piste, nous arrivons épuisés à Beraketa au terme d'une parenthèse dans le temps.


Rendus muets par la fatigue, nous pénétrons soulagés dans la petite gargote qui nous hébergera cette nuit. Après un dîner local (riz et poulet en sauce), nous nous couchons tels quels, habillés et couverts de poussière et de gaz d'échappement, sur le sommier de la toute petite chambre. Enroulés dans le tissu qui nous sert de couverture, nous passons une nuit gelée.

...

Et on se fait bouffer par une puce !

...

Traversée hier de l'arrière-pays Antandroy. Des sauvages. 
Montagnes pelées, sol sec, paysage aride et un peuple à l'image de sa terre, dur, sévère. Visages fermés, hostiles. Enfants martelant le sol de leurs pieds les bras levés, criant des mots agressifs en dialecte dans notre direction. Des sauvages vous dis-je ! La piste est à l'avenant : bosses et crevasses toute la journée.
Sur les bords de la piste : îlots de pierres plates dressées, stèles pour la mémoire des morts antandroy.

En fin d'après-midi, lumière rose sur des montagnes tirant au mauve à travers le désert. Avons dormi à Beraketa sur un matelas fin comme de la poussière posé sur un sommier de palettes grinçantes. Nuit glaciale. Des puces.


Ce matin, départ 6h00, bonne piste à travers les montagnes jusqu'à Betroka où nous sommes maintenant. Il est 10h30. Les visages sont redevenus souriants. Les faciès ont retrouvé un métissage avec l'Asie. Nous quittons le sud. Nos visages et nos mains sont noirs de suie, de fumée de gasoil de mauvaise qualité et de poussière.

La vie semble douce à Betroka (loin de ces sauvages d'antandroy !).

Aucun commentaire: